Depuis près de 15 ans, Dominique Demers multiplie les succès. Prolifique auteure pour les jeunes, cette spécialiste de littérature jeunesse qui a été journaliste, critique, essayiste, professeur et animatrice s'aventure, avec La grande quête de Jacob Jobin, dans un domaine qui lui est moins familier, la fantasy, en s'adressant cette fois au grand public.

La grande quête de Jacob Jobin - L'Élu vise en effet les 10 à 77 ans. On nous raconte l'histoire extraordinaire de Jacob Jobin, un garçon bien ordinaire, du moins en apparence. Lors d'un séjour chez son parrain, un hurluberlu qui se dit elficologue, il découvrira qu'il a un don particulier, et une mission à accomplir dans un univers parallèle.

 

Toute comparaison est cruelle, c'est vrai. Mais elles sont parfois inévitables. Souvenez-vous... Dès qu'il est apparu dans le premier tome de ce qui allait devenir une série-culte, Harry Potter s'est imprimé dans notre imagination. On savait qu'il était petit et maigre pour son âge, qu'il avait un visage mince, des genoux noueux, des cheveux noirs et des yeux d'un vert brillant, qu'il portait des lunettes rondes rafistolées avec du papier collant à cause des nombreux coups de poing que son infâme cousin Dudley lui avait donnés sur le nez, et qu'il avait une fine cicatrice sur le front de la forme d'un éclair.

On le «voyait».

Un héros flou

J'ai lu les 304 pages du premier tome de La grande quête de Jacob Jobin, et je me demande encore à quoi ressemble Jacob Jobin. Est-il grand? Costaud? Maigre? A-t-il un visage doux? Des yeux bleus? Des cheveux longs? Noirs? Tout comme je n'arrive pas à me représenter cette «petite boule de poils marrons», baptisée Petit Poilu, qui se prend d'affection pour Jacob.

Pourtant, plus on s'éloigne de la réalité, plus on a besoin de descriptions fouillées, précises. D'un héros solidement campé. Et d'un ton aussi réaliste que possible, pour nous aider à croire à l'incroyable. L'auteure en est capable; à preuve, cette longue scène, à la fin du livre, qui nous fait vivre de l'intérieur l'une des pires épreuves que le jeune Jacob doit traverser. Claustrophobes, s'abstenir!

Malheureusement, sauf quelques exceptions, la conteuse qui s'adresse aux enfants revient vite au galop. «Je pars, moi aussi, dit Grou, un Rouf vivant dans l'autre monde. C'est tout entendu et compris. Ça ne se discute pas et ça ne se négocie pas!» On croirait entendre un personnage de Macaroni tout garni. Le style est parfois puéril. Les maladresses et les redites ne sont pas rares. Et les «messages» (il faut affronter ses peurs; les livres peuvent procurer autant de sensations que les jeux vidéo...) sont omniprésents.

Clichés ou clins d'oeil?

Tous les codes du genre y sont - porte interdite que Jacob, bien entendu, ouvrira; livre magique; forêt «remplie d'épreuves»; monde où le fragile équilibre entre les forces du bien et du mal est menacé. Clichés ou clins d'oeil aux classiques du genre? À vous de juger. En attendant, souhaitons que la suite sera plus convaincante.

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La grande quête de Jacob Jobin - l'Élu

Dominique Demers

Québec Amérique, 304 pages, 19,95$