L'écrivain Michel Houellebecq, un des auteurs français les plus connus dans le monde, a reconnu samedi jouer sur la «peur», mais récusé toute «provocation» ciblant l'islam dans son nouveau roman Soumission sur l'arrivée d'un parti musulman au pouvoir en France.

«J'utilise le fait de faire peur», a concédé l'écrivain dans une interview publiée en anglais par la revue littéraire trimestrielle américaine Paris Review à quelques jours de la parution du livre, le 7 janvier.

Mais, tempère l'écrivain familier des polémiques, «on ne sait pas bien de quoi on a peur, si c'est des identitaires (ndlr, extrême droite) ou des musulmans. Tout reste dans l'ombre».

«Je procède à une accélération de l'Histoire, mais, non, je ne peux pas dire que c'est une provocation dans la mesure où je ne dis pas de choses que je pense foncièrement fausses, juste pour énerver», revendique-t-il.

«Je condense une évolution à mon avis vraisemblable», prétend Michel Houellebecq. Il concède qu'à supposer que «les musulmans réussissent à s'entendre entre eux (...), cela prendrait certainement des dizaines d'années» avant qu'ils n'accèdent au pouvoir en France.

L'interview de Michel Houellebecq dans Paris Review est la première accordée par l'écrivain à l'occasion de la sortie mercredi de son sixième roman, qui devrait être l'événement littéraire de l'hiver en France.

Ouvrage de politique-fiction, Soumission - traduction du mot «islam» qui signifie allégeance à Dieu - joue sur les craintes d'une société en crise en dépeignant une France où, en 2022, l'alternative politique se résume à d'un côté l'extrême droite et de l'autre un pouvoir religieux musulman.

Dans le récit, à la fin du deuxième mandat de François Hollande, Mohammed Ben Abbes, chef de file de la  «Fraternité musulmane», remporte la course à la présidence face au Front national, grâce à une alliance avec des partis de gauche et de droite.

Dans la foulée, le pays s'en trouve bouleversé, tout comme le narrateur, professeur à la Sorbonne devenue «université islamique».

Michel Houellebecq, 56 ans, enfant terrible de la littérature française, n'en est pas à sa première controverse liée à l'islam, deuxième religion de France avec trois à quatre millions de fidèles selon les estimations.

En 2001, il avait déclenché un énorme scandale en déclarant dans un entretien, tronqué selon lui : «La religion la plus conne, c'est quand même l'islam».