Une polémique a surgi ces derniers jours à New York autour du retrait en 2007 par la Bibliothèque publique de Brooklyn de Tintin au Congo, album accusé de racisme de manière récurrente, qui reste toutefois consultable sur rendez-vous.

Après la parution récente dans la presse de plusieurs articles critiquant cette «atteinte à la liberté d'expression», la Bibliothèque a publié mardi un communiqué en soulignant que la décision prise il y a deux ans n'était «pas assimilable à une censure», mais visait «à protéger cet ouvrage rare» aux Etats-Unis.

L'Union des libertés civiles de New York (NYCLU) s'est jointe à ce concert soudain de critiques: «La réponse à un texte jugé offensant doit être ''encore plus d'expression''», a estimé Donna Lieberman, directrice de NYCLU.

«Pendant un certain temps, notre exemplaire était le seul disponible dans une bibliothèque publique de New York. Nous avons jugé indispensable de le protéger», a rétorqué Malika Granville, porte-parole de la bibliothèque de Brooklyn.

Il y a deux ans également, la chaîne de librairies Borders qui distribue l'album aux Etats Unis avait annoncé une mesure similaire, motivée par les accusations de racisme à l'encontre de l'ouvrage.

«Etant donné que 'Tintin au Congo' peut sembler offensant pour certains de nos clients, nous avons décidé de le placer dans les secteurs de lecture pour adultes», avait déclaré Borders.

Le dessinateur belge Hergé, dont l'album avait été publié pour la première fois dans les années 30, lorsque la Belgique colonisait l'actuelle République démocratique du Congo, avait rectifié en 1946 certains passages.

En Europe, un Congolais vivant en Belgique, Bienvenu Mbutu Mondondo, 41 ans, a décidé de porter plainte en France et de demander l'interdiction de l'ouvrage, a annoncé mardi un de ses avocats. Une première plainte déposée en 2007 en Belgique était restée lettre morte,

Tintin au Congo est encore vendu à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires chaque année.