Corneille se dévoile, sans enjoliver sa vie, dans son autobiographie Là où le soleil disparaît. Il y aborde de nombreux sujets délicats comme le massacre des membres de sa famille au Rwanda, les agressions sexuelles qu'il a subies, son ascension au statut de vedette, suivie du déclin de sa carrière.

Après la sortie de son sixième album, qu'il qualifie de «plus grand échec en carrière», Corneille a décidé de terminer sérieusement son autobiographie. Dans ce récit où il se révèle sans pudeur, il écrit: «Si mon disque avait marché, j'aurais certainement enchaîné avec un autre, puis un autre... Et je n'aurais jamais fini ce livre. Notre chemin nous est déjà tracé, et mon disque devait commercialement échouer pour qu'un livre puisse s'écrire.»

Loin d'être déçu de ce revirement de situation, Corneille avoue maintenant qu'il s'est découvert une passion pour l'écriture.

«J'ai écrit les 10 premières pages et je me suis aperçu que j'étais un auteur refoulé. Parce que je me suis aperçu que je suis encore plus à ma place sur mon laptop à écrire que dans n'importe quel exercice intellectuel ou créatif auquel j'ai touché dans ma vie.»

Agressions sexuelles

Avant le génocide au Rwanda, où il a perdu ses parents, son frère et sa soeur, Corneille a été agressé sexuellement par une de ses tantes. Il n'avait alors que six ans et demi. Et même si ces événements le hanteront au quotidien, il n'en parlera ouvertement que des années plus tard.

«Moi, j'ai souffert de ne pas en parler, et je peux imaginer que c'est le cas pour d'autres. Chaque fois que je l'ai dit, que j'ai dit que j'en avais souffert et que ça avait eu une incidence sur ma vie par la suite, chaque fois, je me suis senti plus léger. C'est le seul remède que j'ai trouvé. On ne peut pas provoquer la justice, on ne peut pas exiger le pardon à l'agresseur. La seule justice que l'on peut se donner à soi-même, c'est la parole. C'est de le dire», dit Corneille, de son vrai nom Cornélius Nyungura.

Il ajoute: «Ça prend du temps à accepter son statut de victime. On n'est jamais sûr qu'on n'a pas contribué, qu'on n'a pas été consentant. Même moi qui avais six ans et demi - je ne pouvais clairement pas consentir parce que la chose sexuelle m'était complètement inconnue -, j'ai douté. Alors, je n'imagine même pas la difficulté des jeunes femmes à qui ça arrive comme jeune adulte.»

Le goût amer du succès

La première partie du livre est consacrée à son enfance en Allemagne et au Rwanda. Raconter ces événements malheureux, dont le massacre de sa famille, a pris plus de deux ans à écrire.

«Ce fut difficile de revivre la nuit du 15 avril 1994.»

Il est ensuite question de son arrivée au Canada, en 1997, de sa passion pour la musique et de l'immense succès de son premier album Parce qu'on vient de loin, vendu à plus de 1 million d'exemplaires (avec les singles).

Mais le succès est loin de panser ses blessures: «Il y avait de vrais moments de communion avec le public et je vivais ça quasiment tous les soirs à une certaine période. Mais ça ne me remplissait pas, ça ne remplissait jamais le vide. Je rentrais le soir seul dans ma grande suite d'un hôtel cinq étoiles, je n'arrivais jamais à emporter cet amour.»

Corneille renchérit: «J'ai vécu une espèce de survie, je ne peux pas dire que j'étais dans la vie. J'avançais, pour avoir l'air socialement fonctionnel. Mais je ne peux pas dire que j'étais dans la chair du plaisir de vivre.»

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Là où le soleil disparaît. Corneille. Éditions XO. 319 pages.

image fournie par les éditions XO

Là où le soleil disparaît, de Corneille