En 23 ans, à peine six auteurs francophones avaient figuré parmi les 117 finalistes du Giller, le plus prestigieux et le plus lucratif des prix littéraires canadiens avec une bourse de 100 000 $. Un an après Samuel Archibald, Catherine Leroux est la septième francophone en lice avec The Party Wall, traduction de son roman Le mur mitoyen paru il y a trois ans chez Alto. À trois semaines de la cérémonie qui se déroulera à Toronto le 7 novembre, nous avons parlé avec l'auteure de la folie qui entoure le Giller.

Depuis ta nomination comme finaliste, à quoi ressemble à ta vie?

Tout le monde m'avait dit: «Tu vas voir, le Giller, c'est un tourbillon.» Et c'est vrai! J'avais déjà des déplacements prévus, car mon livre est sorti au printemps au Canada anglais, mais il y a plus d'action autour de mes activités. Il y a beaucoup de choses à faire, des interactions avec les médias, des entrevues et un paquet de livres à signer. La Banque Scotia offre en effet des livres dédicacés par les finalistes à ses clients et collaborateurs. Je vais en avoir signé autour de 900 en quelques jours, ce qui est plus que dans toute ma carrière!

Que feras-tu d'ici la remise du prix?

J'arrive de Winnipeg et Kingston et je repars pour Halifax, Vancouver une semaine, Windsor et Toronto dans les jours précédant le gala. Je ne serai donc pas tant que ça à Montréal au cours des prochaines semaines. Ma curiosité touristique sera comblée et ça me fait aussi une espèce de cours en accéléré de la scène littéraire canadienne-anglaise.

C'est très actif comme scène?

Il y a tellement de festivals littéraires! Alors qu'au Québec, on a plus des salons du livre, au Canada, ça fonctionne beaucoup par festivals. On est plus dans un format de tables rondes et de discussions, et surtout de lectures en public. Les lectures, c'est central.

Il y a du monde?

Oui. À Kingston, il y avait une lecture de poésie à 9 h le matin, le dimanche. Comme je me lève tôt et que je n'avais rien d'autre à faire, je me suis dit que j'irais pour les encourager... Mais il y avait 60 personnes!

Comment te prépares-tu pour la soirée de gala?

Ma principale préoccupation en ce moment est de trouver un vêtement. Ça a l'air assez formel comme soirée... Mais je devrais me préparer?

Je ne sais pas! Un discours au cas où tu gagnes, par exemple?

Oui, il faudrait. Ce qui est intéressant avec ce prix, c'est que le gagnant est choisi par le jury dans l'après-midi, juste avant le gala. On dirait que c'est plus stressant, je ne sais pas pourquoi! Mais je ne m'attends à rien. Il y a beaucoup d'avantages à être sur la liste des finalistes et je me dis le plus fort que je peux que ma victoire, c'est de m'être rendue là. Je ne veux m'attendre à rien d'autre, d'autant que j'ai commencé à zieuter les autres finalistes et la barre est haute...

Il y a un côté très glamour au Giller. Tu aimes ça?

Oui! Pour la plupart des auteurs, ça n'arrivera jamais d'être traités comme des stars hollywoodiennes. Même pour ceux qui ont de grandes réussites, ce n'est pas le ton en littérature et c'est correct. Mais c'est l'fun, une fois de temps en temps, un événement où les auteurs sont projetés sur un tapis rouge. C'est amusant. Ça va m'arriver une fois dans ma vie, alors je vais en profiter.

La bourse de 100 000 $ pour le gagnant... est-ce que tu y penses, parfois?

C'est impossible de s'imaginer. Ça fait partie du travail, de se retenir... Je me contente d'être finaliste, le prix est déjà super. J'ai déjà été finaliste pour des prix que je n'ai pas eus, je ne suis pas déçue, pas du genre à être mauvaise perdante en général. En fait, je suis toujours d'accord avec le gagnant! Mais il y a tellement de hype autour du Giller, j'essaie de garder la tête froide.