Chrystine Brouillet n'en est pas à son premier roman policier. Depuis près de 30 ans, son personnage vedette - l'enquêteuse Maud Graham - résout des crimes. Elle le fait ce printemps encore dans cette toute nouvelle intrigue passionnelle, Vrai ou faux, qui se déroule dans une résidence pour personnes âgées où une secrétaire est assassinée, étranglée par son amant narcissique et colérique. Le livre, qui sera en librairie aujourd'hui, se lit d'une traite: la romancière maîtrise visiblement la recette d'un bon roman policier. Voici les ingrédients.

PERSONNAGES

L'importance de la vraisemblance

Quand elle reçoit chez elle, Chrystine Brouillet aime cuisiner. Lorsque nous l'avons rencontrée en entrevue, assis à l'ombre dans son jardin, elle nous avait préparé un gâteau à la noix de coco. Les recettes, elle s'y connaît ! Ainsi, lorsqu'on lui a demandé les ingrédients d'un bon roman policier, elle savait comment nous présenter le tout. Tout d'abord, dit-elle, il faut des personnages vraisemblables. « Il faut qu'on y croie, que ce soit crédible et vraisemblable. Si on s'attache aux personnages, on a gagné la moitié du pari. La magie d'un livre leur est due », résume-t-elle.

AMBIANCE

Un pacte avec le lecteur

Pour qu'un lecteur passe plusieurs heures dans l'univers d'un auteur, il faut que l'ambiance lui donne envie de rester. « Écrire, c'est faire un pacte avec le lecteur. Pendant quelques heures, on lui raconte une histoire et il doit y croire. S'il n'y croit pas, c'est qu'on a mis trop d'invraisemblance », explique Chrystine Brouillet. Dans Vrai ou faux, l'auteure s'est inspirée d'une situation qu'elle et ses amies ont vécue ces dernières années : placer des parents en résidences pour personnes âgées. « Tout comme moi, Maud Graham vieillit. Elle est confrontée au même désarroi que n'importe qui », dit-elle. Cette rencontre entre le vécu de l'auteur et l'histoire romanesque donne un résultat encore plus senti.

RYTHME

Émotion, action, information

« Je ne suis pas policière, je ne sais donc pas ce qui fait une bonne enquête. Mais pour écrire un roman, ce que je fais depuis plus de 30 ans, je sais ce que chaque page doit contenir », explique Chrystine Brouillet. En résumé : émotion, action et information. « Cela forme le rythme de l'histoire, nous dit-elle. Si tu n'as pas un de ces trois éléments, en quoi ta page est-elle utile ? J'essaie de garder ça en mémoire, que tout s'attache bien. Ça me force parfois à construire, déconstruire, construire, déconstruire mon histoire », poursuit l'auteure à succès.

CRIME

Le contraire d'Agatha Christie

Bien sûr, dans tout roman policier, il y a un crime. Un meurtre, dans ce cas-ci, perpétré par un amant narcissique contre sa maîtresse. Mais contrairement à l'icône du genre, Agatha Christie, Chrystine Brouillet révèle dès le départ l'identité du meurtrier. « Dans ce livre, il s'agit d'un crime intime. Tuer par balle, ça n'a rien à voir avec étrangler quelqu'un. C'est physique, c'est charnel. Tu es collé sur ta victime », raconte l'auteure. Pour elle, dévoiler l'identité du criminel ajoute du suspense au récit. Les lecteurs se concentrent ainsi davantage sur le procédé qui mènera Maud Graham à résoudre l'enquête. « Ce qui m'intéresse, c'est la route qui mène à la justice », explique-t-elle.

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SYNOPSIS

Une histoire d'amitié

Vrai ou faux, publié chez Druide, plonge les lecteurs dans une nouvelle enquête de Maud Graham, qui doit résoudre le mystère du meurtre de Lydia Francoeur. Secrétaire aimée et aimante d'une résidence pour personnes âgées, à Québec, elle a été assassinée dans un parc bucolique. Un témoin a tout vu : Karl Lemay, peintre à la renommée internationale, malheureusement atteint de la maladie d'Alzheimer. Son ami, le policier à la retraite Ludger Sirois, qui habite à la même résidence, sera vite informé de la situation. Il voudra montrer à Graham - à ses risques et périls - qu'il est toujours aussi bon enquêteur. Mais parviendront-ils à démasquer celui qui a tué sur le coup de la colère ?

Extrait de Vrai ou faux

«Québec, septembre 2014

Se calmer. Se calmer. Se calmer. Il connaissait cette personne puisqu'elle le connaissait. Elle lui souriait. Faire défiler mentalement l'alphabet, trouver par quelle lettre commence son nom. A, B, C. Non. D, E, F, non. Ça ne fonctionnait pas. Elle continuait à lui sourire, un sourire à peine esquissé, semblable à celui de Berthe Morisot au balcon de l'avenue de l'Opéra. Les gens font la queue pour voir celui de la Joconde, mais Karl Lemay préférait celui qui flottait sur les lèvres de cette femme. Il aimait tant ce tableau de Manet. G, H, I?... Est-ce que l'inconnue s'apercevait qu'il cherchait à se rappeler son nom? Il sentait des pulsations à ses tempes, son coeur battait plus vite. Il fallait qu'il se calme sinon il ne devinerait jamais son nom. J, K. Non, K, c'était lui. Karl. Est-ce qu'on pouvait oublier son propre nom? L. M. N. Non. La femme posait sa main sur son poignet.»

Vrai ou faux, Chrystine Brouillet, Druide, 344 pages

En librairie dès aujourd'hui