Nathalie Petrowski n'avait pas écrit de roman depuis Maman Last Call, il y a 20 ans. Elle fait donc un grand retour en librairie ce printemps avec Un été à No Damn Good, roman pétillant qui se déroule en 1971 et qui raconte un été de grands bouleversements dans la vie de Nora P., 14 ans.

Nora P. n'est pas Nathalie P., mais l'auteure et journaliste s'est largement inspirée de son passé pour écrire ce roman. «Je l'ai ensuite chamboulé, reconstruit, recréé», dit-elle. Le résultat, si on veut parler en termes d'autofiction, est ainsi «pas mal plus du côté de la fiction que de l'auto», précise-t-elle. «Dès que tu écris, de toute façon, tu construis un récit.»

Le récit est donc celui de Nora, qui vient de s'installer avec sa famille à Montréal, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce. Elle passe tout son temps entre le parc, la piscine publique et la galerie de ses voisines d'en face, est fascinée par leur mystérieux grand frère, s'initie au féminisme et au nationalisme, et regarde ses parents se déchirer jusqu'à un inéluctable divorce.

En écrivant ce roman, Nathalie Petrowski a retrouvé toute son affection pour l'adolescente qu'elle était. 

«Je ne sais pas pourquoi j'ai eu envie d'écrire ce livre-là. J'ai ressenti un élan, une impulsion, je me suis dit: "Je veux retrouver cette jeunesse, l'explorer, jouer avec."»

«J'ai pris beaucoup de plaisir à le faire, et je dirais que c'est la première fois, car le premier [Il restera toujours le Nebraska] avait été une catastrophe, et le deuxième pas tellement mieux...», dit-elle

Un été à No Damn Good fut donc un prétexte pour revisiter son passé, et aussi pour raconter le début des années 70 avec force détails sur le maquillage, les vêtements, les objets - voir le chapitre sur les bougies dans les bouteilles de Chianti! -, la musique. Le livre s'ouvre d'ailleurs avec l'annonce de la mort de Jim Morrison, qui bouleverse les trois copines.

«C'est sûr que c'est un roman générationnel et que beaucoup de gens s'y retrouveront», dit Nathalie Petrowski, qui n'a pas voulu sombrer dans la nostalgie. Plus qu'un roman historique, c'est plutôt un roman d'époque qu'elle a voulu faire.

«Il y a une trame de fond, et Nora est un peu comme une figurante de la grande histoire qui se passe, le féminisme, le nationalisme, le FLQ...»

«J'aimais l'idée d'avoir un personnage un peu en retrait, qui est là pour observer et essayer de comprendre... Ce qu'elle ne réussit pas toujours!», dit la journaliste de La Presse, dont on retrouve tout le sens du rythme et du punch dans ce roman qu'elle juge «grand public» et qui est rempli d'humour.

«Je sais que plein de monde ne pense pas ça, mais j'ai un bon sens de l'humour... J'aime les contrastes: je peux aller dans le drame, mais pas tout le temps, et on peut faire passer plus de choses par l'humour. Il y a aussi de la dérision dans le livre, Nora est beaucoup dans l'ironie. Et c'est des jeunes filles, alors elles disent pas mal de niaiseries!»

Plénitude

S'il s'est passé 20 ans entre Maman Last Call et Un été à No Damn Good, c'est que l'auteure a davantage travaillé du côté du cinéma: scénarios de téléséries, de téléfilms et de films, elle n'a jamais vraiment arrêté d'écrire, en plus bien sûr de son boulot à La Presse.

«Je ne pensais pas que je reviendrais au roman», admet-elle. Mais elle a aimé revivre cette expérience pas mal plus intime que l'écriture de scénario - beaucoup plus longue - et que d'un article de journal - beaucoup plus éphémère. «Le roman t'appartient pas mal plus. J'ai écrit celui-ci en sept semaines en résidence à Banff l'an dernier.»

«À la fin, j'avais un sentiment de plénitude que je ne pense pas que le scénario puisse donner, même si c'est l'fun de voir le film au grand écran.» 

D'ailleurs, vu le côté encore une fois très cinématographique de son écriture, verra-t-on Un été à No Damn Good un jour au grand écran?

«Je ne l'ai pas pensé comme ça. Mais ce qui est certain, c'est que toutes ces années à écrire et réécrire des scénarios m'ont aidée dans la construction dramatique de l'histoire. Mais oui, il pourrait être scénarisé, et dans ce cas-ci, contrairement à Maman Last Call où je tenais à le faire moi-même, je le donnerais à quelqu'un d'autre. Juste pour voir ce qu'il ferait de cette histoire!»

_____________________________________________________________________________

Un été à No Damn Good. Nathalie Petrowski. Boréal, 283 pages.