Le 14e roman de Guillaume Musso, La fille de Brooklyn, possède le rythme d'un film de suspense et les personnages typés d'une série télé. Normal, le romancier français est un ciné-télévore.

Enfant de la télévision et du cinéma, Guillaume Musso a plein d'images dans la tête. Mais ne comptez pas sur le romancier millionnaire pour devenir scénariste. L'écran qu'il préfère est celui qui se situe dans la tête de chaque lecteur.

«On me sollicite souvent pour le cinéma et la télé, mais l'écriture me donne une liberté incroyable. Au cinéma ou à la télé, il y a des centaines de contraintes: budget, distribution, lieux de tournage, chaînes... À l'heure où on est submergés par les images, internet, les réseaux sociaux, un roman, ça reste des lettres jetées sur un papier.»

«Dans un film, tout le monde voit les mêmes images. Un roman, tout le monde lit le même, mais chacun se fait son propre film.»

Le populaire auteur - 25 millions de livres vendus en 15 ans - aime qu'on aime ses romans, voire qu'on les dévore.

«Ce qui m'intéresse dans les séries télé, c'est le côté addictif. Je voulais écrire un roman au long cours qu'on aurait hâte de retrouver le soir en rentrant pour progresser dans l'histoire. Je voulais voir évoluer les personnages, remonter dans le passé et avoir une galerie de femmes fortes qui ont aussi souffert de la violence des hommes. Ça me fait plaisir qu'on me dise que ce soit un polar assez féministe. C'est quelque chose que j'ai aimé moi-même chez Stieg Larsson et Millénium

Le romancier avoue que plusieurs producteurs s'intéressent déjà à La fille de Brooklyn, «mais je pense plutôt à une minisérie, comme six épisodes de 52 minutes».

Brooklyn, France

Même si le titre réfère aux États-Unis, la moitié du roman se déroule en France. Raphaël et Anna vont se marier, mais leur relation déraille dès les premières questions sur le passé, les secrets. Rupture, disparition d'Anna, enquête, flash-back, histoire sordide... Guillaume Musso entraîne le lecteur dans un suspense haletant.

«Je voulais partir d'une dispute conjugale en apparence banale pour voir comment cela allait dérailler et, par une série de réactions en chaîne, avoir des conséquences exceptionnelles sur un tas de personnes des deux côtés de l'Atlantique.»

Raphaël et un ami policier, Caradec, partent à la recherche d'Anna et découvrent, entre autres, qu'elle a un passé des plus troubles. L'auteur dit savourer ces moments où les personnages sont placés dans des situations extrêmes.

«J'aime bien le héros hitchcockien, l'homme ordinaire plongé dans une situation qui le dépasse, mais qui va révéler qui il est vraiment. C'est difficile de se connaître tant qu'on n'a pas été confronté au danger.»

Revirements

Ses deux héros ne sont ni tout noirs ni tout blancs. Leur quête est remplie de revirements qui nous les rendent plus humains.

«Dans la fiction, j'aime bien que le doute contamine aussi bien les lecteurs que les personnages. Quand ils ne sont pas monolithiques et qu'ils évoluent avec leur failles. Les gens sont de grands consommateurs de fiction, que ce soit au cinéma, dans les séries ou les romans, et sont habitués aux règles narratives. Pour conserver l'aspect addictif d'une histoire, il faut que les personnages soient suffisamment denses et complexes pour qu'on ait envie de les connaître et de tourner les pages.»

Mais les personnages des romans de Guillaume Musso ont leur propre «agenda», souligne-t-il. Et c'est là qu'on voit bien que l'auteur d'Et après... aime bien se faire son cinéma.

«Il arrive toujours ce moment magique et jouissif où les personnages, après 100 pages, se mettent à vouloir faire des choses auxquelles vous ne les prédestiniez pas forcément. C'est un signe qu'on est sur la bonne voie, parce qu'ils cessent d'être des personnages de papier pour prendre chair et sang humains.»

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La fille de Brooklyn. Guillaume Musso. XO Éditions, 473 pages.

IMAGE FOURNIE PAR XO ÉDITIONS

La fille de Brooklyn, de Guillaume Musso