Sara Lazzaroni aime beaucoup les auteurs qui savent créer des atmosphères et des images, et c'est ce qu'elle essaie de faire. «J'essaie d'avoir ma propre voix, une voix reconnaissable. Que les gens soient enveloppés par quelque chose d'indéfinissable, et que ce quelque chose soit moi...»

Sara Lazzaroni a publié Patchouli, son premier roman, à l'aube de ses 20 ans. Elle a étudié en anthropologie à l'Université Laval, a été serveuse, préposée aux bénéficiaires auprès de malades d'alzheimer et a beaucoup voyagé. «On peut dire que j'ai occupé mes 20 années comme il faut», dit en souriant celle qui vient d'emménager à Montréal pour se consacrer à l'écriture.

Patchouli est un court roman au ras des émotions, qui raconte l'histoire d'une jeune femme de 24 ans, fille de hippies, qui a vécu une enfance nomade. Après être allée faire le tour du monde pendant quelques années, elle revient vivre à Québec et se retrouve seule au monde, accompagnant sa mère mourante à l'hôpital et tentant difficilement de se recréer des amitiés, adoptée en quelque sorte par une famille d'Italiens dans un resto où elle travaille.

«Patchouli me ressemble, c'est certain, mais je ne voudrais pas être comme elle et avoir la malchance d'être seule. Je fais attention à mes amitiés et je suis très près de ma famille; c'est mon socle, mon noyau. Patchouli, elle, n'a aucune attache. Or, s'il y a quelque chose que je trouve important dans la vie, c'est d'avoir des racines. C'est ce qu'elle essaie de faire dans le livre: se "réenraciner".»

Il y a quelque chose comme une vieille âme dans cette jeune femme aux yeux bleus qui aime Boris Vian, Fred Pellerin, le jazz et les chroniques de Normand Baillargeon. Un mélange de fraîcheur et de profondeur qu'on ressent dans la délicatesse de son écriture, teintée d'une certaine mélancolie... qu'elle essaie de combattre, et d'une candeur qu'elle assume.

L'auteure n'aime pas le terme «naïf», qu'elle juge trop négatif. Elle préfère se décrire comme «très, très optimiste». «Je crois toujours que ça va bien aller. Je ne pense pas qu'avoir plein d'espoir, c'est être utopiste, au contraire. Les choses peuvent vraiment changer.»

Pour cette jeune auteure qui fonctionne à l'instinct et à la spontanéité, écrire est aussi normal que de respirer. «J'écris depuis que je suis toute petite; je ne me souviens pas vraiment d'avoir commencé...»

D'ailleurs, elle n'avait pas encore terminé sa cinquième secondaire lorsqu'elle a écrit Patchouli. «C'était une nouvelle. Je l'ai retrouvée plus tard et je l'ai continuée. C'est sorti tout seul, d'un jet.» Il ne faut pas voir d'intention ou de message dans Patchouli, précise d'ailleurs la jeune femme. «J'avais une histoire à raconter, mais c'est très inconscient, très brut. Chacun en retire ce qu'il peut en retirer, et ça me rend heureuse.»

Images

Sara Lazzaroni aime beaucoup les auteurs qui savent créer des atmosphères et des images, et c'est ce qu'elle essaie de faire. «J'essaie d'avoir ma propre voix, une voix reconnaissable. Que les gens soient enveloppés par quelque chose d'indéfinissable, et que ce quelque chose soit moi...»

Manifestement, Patchouli a eu cet effet sur les lecteurs. «Il ne m'est arrivé que du beau avec ce livre», glisse en souriant celle qui devrait lancer son deuxième roman à l'automne 2015 chez Leméac, qui poursuit toujours 1000 projets à la fois et qui chérit les rencontres que Patchouli lui a permis de faire.

«Je me suis demandé pourquoi je voulais être publiée. Est-ce pour la reconnaissance? Non. J'ai choisi d'essayer de vivre de ça, avec tout ce que ça implique. C'est vrai que le métier d'artiste n'est pas considéré comme un métier, plus comme un loisir! Alors je vais sûrement devoir prendre de petits contrats à côté, faire des emplois saisonniers à gauche et à droite en plus.»