Comment accepter d'avoir eu un grand-oncle phalangiste ayant combattu avec les troupes de Franco durant la guerre civile espagnole quand on s'appelle Javier Cercas et qu'on a le coeur à gauche?

L'auteur des livres Les soldats de Salamine et L'imposteur, qui s'intéresse à ces heures sombres de l'Espagne, a longtemps eu honte de Manuel Mena, l'oncle de sa mère, mort sur le champ de bataille à 19 ans, en 1938.

Cette page de l'histoire familiale lui pesait depuis sa jeunesse. Il a fini par l'écrire après avoir enquêté sur l'ancêtre gênant. Pour essayer de comprendre comment ce jeune homme brillant a pu suivre «une bande de salopards qui empoisonnaient le cerveau des jeunes et les envoyaient à l'abattoir».

Le roman proche du récit pose la question de notre appropriation de la mémoire individuelle et collective à des fins de rédemption et d'édification d'un avenir meilleur.

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Le monarque des ombres. Javier Cercas. Actes Sud. 320 pages.