Seconde Guerre mondiale. Paul-Jean Lafarge vit dans Paris sous l'Occupation. Mais la guerre n'est qu'un inconvénient parmi d'autres pour ce directeur d'une publication de poésie, plus attaché aux mots qu'aux gens. Il continue coûte que coûte de publier son magazine, en faisant passer le talent - même d'un poète allemand - avant toute autre considération.

Il passe ses journées à observer: sa secrétaire, par le trou de la serrure de son bureau, la vespasienne en face de son immeuble.

Il note toutes les entrées et sorties de ces toilettes publiques, auxquelles il est très attaché. Cet homme passif et lâche ne prend aucun camp, et se contente d'être spectateur de la vie, profitant des largesses de ses connaissances sans trop de scrupules, occupé par ses trivialités quotidiennes.

Jusqu'au jour où il trouve un pistolet dans une des stalles de la vespasienne. L'homme si attaché à ses habitudes se retrouve plongé dans la guerre et doit prendre position.

Sébastien Rutés offre un cinquième roman irrévérencieux, qui met en scène un personnage voyeur obsédé par les besoins naturels d'une part et l'élévation de l'esprit par la poésie de l'autre. Une histoire originale, écrite sobrement, ce qui renforce son côté absurde.

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La vespasienne. Sébastien Rutés. Éditions Albin Michel. 217 pages.