Il voulait se caser. Se marier. Avoir des enfants, une maison, un barbecue autour duquel inviter des copains. Il n'avait pas prévu tuer sa femme. Pourtant, il l'a fait.

La toile longuement tissée autour de lui l'a paralysé petit à petit pendant des années. D'abord, la jalousie maladive, les interdictions de sortir sans elle, même pour aller nager. Puis les critiques envers ses amis et leurs femmes, le poussant à couper les ponts.

Le contrôle de l'argent. Le dénigrement et les insultes. Les crises de colère. Qu'est-ce qui pousse une personne à rester malgré tout, même lorsqu'elle esr consciente de son malheur?

C'est ce qu'explore tranquillement l'auteure. Il y a l'enfant, bien sûr, mais aussi les conséquences insidieuses de la violence psychologique le rendant incapable de partir.

Dans ce court roman écrit comme une lettre à la femme tuée, Claire Castillon dépeint avec beaucoup de justesse les mécanismes de cette violence, sans tomber dans les clichés ou le pathos. Celle qui ne laisse pas de trace physique, mais qui handicape sa victime tout de même.

Dans une langue accessible mais travaillée, l'auteure réussit magistralement à tenir le lecteur en haleine, même en ayant dévoilé le dénouement dans le premier paragraphe.

* * * 1/2

Ma grande. Claire Castillon. Gallimard. 146 pages.