Dans une «zone de résidence» juive de Varsovie en 1911, Keila la Rouge vit avec son mari, Yarmy la Teigne. Ce petit voleur lui a permis de faire une croix sur sa vie de prostituée.

Ensemble, ils fréquentent le milieu criminel de la rue Krochmalna, rêvant de meilleures conditions, d'un coup rapportant plus ou d'une vie respectable, d'Amérique - voyage particulièrement difficile avec un passeport jaune.

Mais quand un ancien camarade de prison de Yarmy débarque dans leurs vies, menaçant de replonger Keila dans l'univers des bordels, tout s'effondre.

Le roman du Prix Nobel de littérature Isaac Bashevis Singer, jusque-là inédit en français, a d'abord été publié en feuilleton en 1976 et 1977 dans un journal yiddish de New York.

L'auteur, né en Pologne en 1904 et mort aux États-Unis en 1991, où il avait immigré en 1935, retrace les difficultés des communautés juives au début du XXe siècle dans son pays natal.

On y découvre autant les religieux hassidiques que la petite pègre et les gauchistes en lutte contre le pouvoir, dans un monde où chacun cherche sa place.

Le fils du rabbin, Bunem, se questionne sur ce Dieu qui permet tant d'injustices et de cruauté. Un portrait nuancé d'un monde particulièrement dur.

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Keila la Rouge. Isaac Bashevis Singer. Traduit de l'anglais par Marie-Pierre Bay et Nicolas Castelnau-Bay. Éditions Stock. 426 pages.