C'est toujours un petit velours de constater qu'un Québécois publie dans une maison française. D'autant plus que, dans le cas de Joël Casséus, on voit des thématiques qui se confirment et se développent, un style et une écriture qui s'affinent.

Crépuscules poursuit la démarche de l'auteur qui tente de voir où se dirige l'humanité. Le monde décrit ici est encore plus sombre que celui de son roman précédent, Le roi des rats.

Nous ne sommes plus dans un Montréal de demain, mais dans un lieu et avec des personnages sans noms. Un univers qui semble virtuellement encore plus près de nous avec ses nuages gris, ses immondices de métal et sa nourriture de fin du monde.

On ne sait trop si l'apocalypse a eu lieu, mais la guerre est omniprésente. Les personnages survivent en se méfiant les uns des autres et en gardant enfouis des secrets qu'on soupçonne terribles. Des tenanciers d'un café, un couple de migrants qui attend un enfant, des jumeaux bizarroïdes.

Par un subtil procédé original, le texte au «je» change de personnage presque à chaque paragraphe sans qu'on s'y perde. Joël Casséus continue d'être ce formidable créateur d'ambiances mystérieuses et inquiétantes.

S'il lui arrive d'abuser de certaines figures de style, il sait aussi parsemer son récit de réflexions philosophiques intéressantes. Ce monde aux mille crépuscules, cette désillusion-là, voire ce désespoir ne sont-ils pas les nôtres?

* * * 1/2

Crépuscules. Joël Casséus. Le Tripode. 156 pages.