Madhu vit à Kamathipura, quartier rouge de Bombay où les hommes viennent assouvir leurs pulsions. Elle habite avec d'autres «hijras»: toutes sont nées dans un corps de garçon, mais avec la conviction d'être en réalité des filles.

Elles ne sont pas seulement transgenres, elles ont un mode de vie bien à elles, disciples d'une gourou, à la fois protectrice et exploiteuse. En vieillissant, Madhu a laissé tomber la prostitution et s'occupe de «colis»: des fillettes vendues  - le plus souvent par leur famille  - à un bordel.

Elle a convaincu une maquerelle que le processus habituel pour les soumettre  - viols et violence - pouvait mener à des pertes d'argent en rendant les gamines folles. Elle procède donc à une manipulation psychologique pour leur faire accepter leur sort.

Ce travail la plonge dans de douloureux souvenirs, mais elle ne peut refuser de s'occuper de la dernière arrivée, une Népalaise de 10 ans. Anosh Irani a lui-même grandi en face de Kamathipura, avant de s'installer à Vancouver à l'âge adulte.

Le colis a été finaliste pour le prix du Gouverneur général en 2016. Le sujet, dur, est traité avec beaucoup de doigté. L'auteur pose un regard sensible sur ce monde violent et cruel où l'espoir a peu de place.

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Le colis. Anosh Irani. Éditions Philippe Rey. 332 pages.