Le New York Times l'a qualifié de «grand roman américain des deux dernières décennies». On a tendance à abonder dans ce sens en plongeant dans ce pavé ambitieux qui a demandé 10 ans d'écriture à l'auteur - un nouveau nom qu'il faudra tenir à l'oeil après ce premier roman magistral.

Nathan Hill donne un visage aux ratés du «miracle américain» sur une période de plus de 40 ans, essentiellement à travers le personnage de Samuel, un professeur de littérature qui passe ses journées branché à un jeu vidéo dans son bureau plutôt que d'essayer de devenir le grand romancier de ses rêves.

Hanté depuis son enfance par le départ de sa mère qui réapparaît brusquement dans sa vie, Samuel est l'incarnation d'une génération à la dérive, s'apitoyant sur son sort et cherchant sans cesse des excuses à ses échecs.

Des contestations étudiantes de 1968, à Chicago, au «monde d'après le 11-Septembre», Hill déterre des décennies de secrets familiaux et fait revivre des luttes sociales qui ont marqué le pays, alternant les époques et effectuant des incursions fort détaillées dans la vie de personnages secondaires - accessoires servant à illustrer ses propos sur un système d'enseignement défaillant, des forces policières abusives et une société aux valeurs quelquefois mal placées.

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Les fantômes du vieux pays. Nathan Hill. Gallimard (collection Du monde entier). 720 pages.