Après avoir arpenté les rues de Lisbonne et du quartier Rosemont dans ses précédents livres, Patrice Lessard met en place son nouveau récit à Louiseville, sa ville natale.

Un retour aux sources qui semble avoir fait ressortir le meilleur de son talent, alliant les jeux de miroirs de sa trilogie lisboète à l'humour noir teinté de suspense d'Excellence poulet.

Dans Cinéma Royal, on suit Jeff, barman à la pas du tout chic taverne Windsor, de ces perdants sympathiques et pathétiques dont Lessard est spécialiste. Survient un soir une apparition prénommée Luz, belle Espagnole mariée à un mafieux local, et ils partageront ensemble grands vins, passion et amour pour le cinéma de genre. Mais qui est vraiment Luz?

Pourquoi lui pose-t-elle constamment des lapins? En fait, existe-t-elle vraiment? Avec son don pour la narration décalée et les digressions aussi drôles que pleines de détails savoureux - on en apprend beaucoup sur Louiseville et sa faune locale -, Patrice Lessard construit son récit en trois temps et nous mène habilement vers une dernière partie hallucinante, véritable hommage à la fiction en général et au cinéma en particulier, mais aussi aux histoires impossibles qu'on se raconte dans nos têtes.

Cinéma Royal est un délire contrôlé et réjouissant, de la littérature à l'état pur. 

* * * 1/2

Cinéma Royal. Patrice Lessard. Héliotrope. 164 pages.