Ce roman publié il y a 30 ans en Islande est universel et intemporel et n'a donc pas pris une ride.

Le petit Sigmar essaie d'attirer l'attention de sa famille en se montrant particulièrement espiègle. Comme il n'y réussit pas vraiment, il réinvente le monde autour de lui en apercevant des animaux partout : aspirateur, nappe, lampe, rideaux... Puis, dans la seconde moitié du récit, il devient un écureuil partant à l'aventure à la grande ville. Les humains deviennent des lapins, des chiens ou des chats.

Ce beau, mais trop court roman nous branche sur l'enfance à l'état pur. Avec la fable comme raison de vivre et l'imagination comme munition. L'enfant est ce magicien dont la baguette transforme tout en féerie, craintes comme espoirs, mauvaises comme bonnes pensées. Comme l'a si bien compris l'auteur, la solitude de l'enfance est l'un des moteurs de création les plus forts qui soient. Celui des mondes magiques et des paradis perdus. Celui des rêves à venir et de l'imaginaire qu'il ne faudrait jamais, ô jamais, perdre de vue.

***1/2

Les excursions de l'écureuil

Gyrđir Eliasson

Traduction de Catherine Eyjólfsson

La Peuplade

99 pages

Extrait

« Une fois au lit, je cherche à tâtons sous l'oreiller de duvet et ramène des exemplaires fatigués de livres danois sur les animaux. J'arrange la lampe au long cou de dinosaure, muni d'une ampoule minuscule tout au bout. La chambre s'emplit tout à coup de créatures fantasmagoriques. Un crocodile nain rampe le long de la housse d'édredon, un serpent siffle dans un coin, un lynx se frotte paisiblement au radiateur. Je saute la page de la panthère noire avant qu'elle ne bondisse sur moi de son arbre feuillu : un large trait noir à toute volée, un cri étouffé. 

Et voilà l'image d'un écureuil tenant une noisette entre ses pattes, l'air inoffensif. Son pelage roux rutile. »