Il y a un charme suranné aux écrits de Fannie Flagg. Mais il y a plus que cela. Un revirement inattendu attend généralement le lecteur dans la dernière ligne droite de ce qui semble au départ tenir de la chronique portant un regard amusé sur des femmes (elles sont en majorité dans cette oeuvre) assez originales pour qu'on s'y intéresse et assez normales pour qu'on y reconnaisse une voisine, une amie, une tante, une grand-mère.

C'était le cas dans Beignets de tomates vertes (qui l'a fait connaître), mais aussi dans Miss Alabama et ses petits secrets et dans La dernière réunion des filles de la station-service. Il en va de même dans Nous irons tous au paradis - écrit avant ces deux derniers, ce qui explique peut-être qu'il soit moins prenant, tout en demeurant impossible à lâcher tant on s'attache vite à ses (nombreux) personnages.

En tête, Elner Shimfissle, octogénaire vivant à Elmwood Springs (ville du Missouri où Fannie Flagg nous a déjà entraînés)... jusqu'à ce qu'elle y meure.

Parents et voisins se transmettent la nouvelle, se désolent. Et surprise! Elner est revenue à la vie. Avec des messages. Ce pourrait être «nouvel-âgeux» ou prêchi-prêcha. C'est sympathique, pétillant. «Flaggien», quoi. 

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Nous irons tous au paradis. Fannie Flagg (traduit par Jean-Luc Piningre). Cherche-Midi. 390 pages.