Difficile d'imaginer vraiment comment se sentent des parents qui ont perdu un enfant. Charles Quimper, dont c'est le premier roman, tente l'exercice de la manière la plus sobre et respectueuse qui soit.

Il donne la parole au papa de la petite Béatrice, morte noyée on ne sait trop dans quelles circonstances, tellement l'esprit de son père divague. Il tente de la retrouver dans chaque goutte d'eau, convoque des souvenirs joyeux et laisse la marée du chagrin l'envahir pendant que son couple s'effrite.

À coup d'images aquatiques qui permettent d'éviter le pathos, mais qui frisent parfois l'exercice de style, ce court livre écrit en fragments montre comment le deuil peut envahir tout l'espace.

Il y a de la poésie et de la beauté dans Marée montante, malgré l'infinie tristesse qui l'habite, alors que le narrateur vogue sur un bateau imaginaire qui le mènera aux confins de lui-même et à la rencontre de son enfant perdue à jamais.

Ce roman réussit ainsi à toucher un peu la pire de toutes les douleurs, avec pudeur et empathie, mais aussi en la regardant en face. Il faut du doigté pour s'attaquer à un tel sujet sans devenir mélo, et le défi est bien relevé.

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Marée montante. Charles Quimper. Alto, 67 pages.