Ce sixième roman de Nathacha Appanah est d'une brûlante actualité. Dans l'île française de Mayotte, dans l'océan Indien, les migrants affluent et la horde des enfants perdus fait la loi.

Au coeur de ce roman douloureux, il y a Moïse, bébé venu de la mer et abandonné par sa mère à cause de son oeil vert, qui a été adopté par Marie. La quête de ses origines mènera «Mo» du côté de Bruce, le chef de Gaza, surnom donné au bidonville situé en marge de la ville, et par qui le malheur arrivera.

Moïse trouvera aussi sur son chemin un coopérant plein de bonne volonté, Stéphane, un policier qui tente de le protéger, Olivier.

Ces cinq voix, vivantes ou mortes, sont les narratrices d'un récit d'une violence inouïe, où la loi du plus fort est si insoutenable qu'on referme le livre les larmes aux yeux.

Avec lyrisme - le réalisme n'aurait pas été supportable - Nathacha Appanah nous montre les répercussions de la crise des migrants si rien n'est fait pour les intégrer. Et a surtout écrit un grand livre sur l'enfance brisée, qui nous rappelle à chaque page la chance qu'ont nos enfants d'être nés de ce côté-ci du monde. 

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Tropique de la violence. Nathacha Appanah. Gallimard, 179 pages.