Dans l'industrie du cinéma, on ne se gêne pas pour retourner les mêmes histoires afin de mettre en valeur de nouveaux effets spéciaux ou des vedettes de l'heure. Dans celle de la littérature, on est plus pudique: on hésite à appeler un chat un chat, malgré le côté scabreux de maints écrits.

C'est pourtant un remake que signe Frédéric Gros pour son premier roman. Bien avant lui, Alexandre Dumas avait fait de la condamnation du prêtre Urbain Grandier au bûcher un de ses fameux Crimes célèbres.

Aldous Huxley a finement analysé la folie de mère Jeanne des Anges, l'ursuline qui a accusé le curé libertin de l'avoir ensorcelée. Ken Russell en a tiré Les diables, son film le plus outrancier. Gros, qui est un philosophe à la pensée mâtinée de psychanalyse, s'intéresse à la psychologie des protagonistes davantage qu'au contexte des guerres de religion et aux intrigues politiques de Richelieu qui voulait détruire la place forte de Loudun où Grandier réconfortait les pécheresses.

Cela nous vaut une projection des modes de pensée d'aujourd'hui dans l'époque de la Contre-Réforme ultra-puritaine et avide d'exorcismes. Gros s'attarde avec force détails aux rituels et au lent supplice atroce de Grandier. Âmes sensibles s'abstenir. 



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Possédées. Frédéric Gros. Albin Michel. 297 pages.