L'auteure de ce premier roman a passé sept ans de sa vie derrière le volant d'un autobus après avoir perdu son emploi dans un bureau de designer télévisuel. C'est ce quotidien qu'elle raconte dans une série de courts textes, comme des polaroïds de la décrépitude dans laquelle elle sombre insidieusement.

Entre les commentaires sexistes qu'elle doit endurer sans broncher, les horaires de travail ingrats qui détruisent sa vie amoureuse et sociale et les agressions verbales lancées par les usagers, la rage s'accumule et elle s'«encrasse de jour en jour».

Nathalie Lagacé a un talent inné pour peindre la faune urbaine qui sillonne la ville à toute heure du jour et de la nuit, lui reproche ses retards et l'accuse d'être surpayée.

C'est à travers une écriture vraie, sans vernis, qu'elle dévoile les coulisses d'un métier «dans l'ombre des foules, là où on se sent seul», et dénonce le «chacun-pour-soi» qui gangrène selon elle la société.

Plus jamais ne verrons-nous les chauffeurs d'autobus de la même façon après cette lecture tout indiquée pour oublier une journée maussade au travail.

À conseiller à tous les habitués des transports en commun... et à lire de préférence dans l'autobus!

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Terminus. Nathalie Lagacé. Sémaphore. 111 pages.