C'est avec une joie d'enfant qu'on parcourt les plus de 500 pages du nouveau roman de Martin Winckler, qui reconstruit avec tendresse et sensibilité, sur près de deux ans, la vie d'un père médecin et de son fils dans la France des années 60.

Récemment installés dans une petite ville de la Beauce française, père et fils cultivent un quotidien constitué de bandes dessinées, de films d'aventure et de consultations à domicile, tantôt narré par une voix anonyme, tantôt par celle, candide et attachante, du petit Franz.

Le jeune garçon n'a plus aucun souvenir de sa vie passée ni de sa mère depuis un «accident» dont son père ne se résout pas à lui parler.

L'auteur de La maladie de Sachs et médecin, établi au Québec depuis 2008, expose à travers le Dr Farkas la vision du «vrai» médecin de famille qu'il défend depuis ses toutes premières oeuvres: celle d'un praticien rassurant, respectueux et affable, à l'écoute de ses patients.

Mais Abraham et fils est avant tout l'histoire touchante d'un amour paternel et de ces secrets de famille que l'on enfouit craintivement au fond de soi, et dont certains remontent jusqu'aux tragédies de la Seconde Guerre mondiale.

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Abraham et fils. Martin Winckler. P.O.L, 576 pages.