En préface, Jean-François Beauchemin annonce qu'à la relecture, ce livre lui apparaissait comme une suite de courbes plutôt qu'une ligne. Très juste. C'est aussi la force du journal de cet auteur qui, trouvions-nous jusqu'à récemment, se limitait à ressasser bien souvent ses obsessions sur un ton de plus en plus condescendant.

Rien de cela ici. Jean-François Beauchemin fait l'effort de sortir de lui-même, de l'ego c'est-à-dire. Il se souvient et retrouve dans son passé ce qui le faisait vibrer, ce qui continue de l'amener à aimer la vie.

Presque pas d'apitoiement, aucune colère caractérisant parfois certaines de ses charges antithéistes. Son écriture est toujours fluide, voire aérienne dans le sens émerillonné du terme.

L'auteur retrouve dans sa mémoire des moments touchants, des gens aimants, des objets inspirants. Et, fort heureusement, Beauchemin se laisse aller à ressentir chaque instant, à goûter chaque émotion.

Il nous le raconte simplement, brièvement, mais, chaque fois, avec la musique harmonieuse et pertinente qui fait la beauté de sa plume. Il tient également une promesse qu'il s'était faite à lui-même il y a quelques années: aller davantage vers les autres. Enfin.

* * * 1/2

Objets trouvés dans la mémoire. Jean-François Beauchemin. Leméac, 180 pages.