Poétique mais réaliste, critique sans chercher à être moralisateur, ce nouveau roman du prolifique auteur angolais Ondjaki se sert de personnages cocasses et colorés pour dépeindre un pays rongé par la corruption et exploité par des intérêts étrangers.

L'Angola n'est pas dans le tiers-monde, mais dans «le cinquième monde ou pire», fait-il dire à l'un d'entre eux. En plein coeur de Luanda, vibrante capitale, l'immeuble Maianga est témoin des va-et-vient de ses résidants et de visiteurs qui ont tous une histoire à raconter.

Il y a Odonato qui devient de plus en plus transparent, pas parce qu'il ne mange pas, explique-t-il à sa femme, mais parce que le couple est pauvre. Ou cette journaliste de la BBC qui croit que personne ne s'intéresse aux bonnes nouvelles concernant l'Angola ou l'Afrique, et qui veut comprendre comment on vit dans un bâtiment au rez-de-chaussée inondé par des canalisations éventrées.

Microsociété en soi, métaphore d'une ville que les richesses du sous-sol entraînent à sa perte, l'immeuble est le reflet d'un quotidien marqué par le fantôme de la guerre et soumis aux combines des hautes sphères administratives, où chaque individu lutte comme il peut pour survivre.

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Les transparents. Ondjaki. Éditions Métailié, 368 pages.