L'écrivaine française poursuit son portrait des femmes du Moyen-Âge avec ce troisième roman, après Du domaine des Murmures, salué par la critique et Goncourt des lycéens.

L'action - car il n'en manque pas! - se déroule toujours au château des Murmures, rapportée tantôt par «la jeune fille», Blanche, enfant intrépide en train de devenir femme, tantôt par «la vieille âme», son propre fantôme, le récit étant tissé par leurs deux voix qui se rejoignent dans la nuit, à six siècles de distance. L'omniscience du fantôme fait peser un funeste augure, et le récit, qui s'ouvre au lendemain d'une épidémie de peste qui a ravagé le pays, ajoute à ce destin personnel le thème d'une humanité en marche difficile vers la modernité. Martinez nous parle des siècles enfouis, travaillant des peurs universelles comme la mort, le féminin (avec la dame verte, cette rivière-femme qui avale les hommes qui se risquent à se mirer en elle), ou encore la figure de l'ogre (incarné par un guerrier pédophile). Les métaphores soignées et la maîtrise poétique du motif de l'eau, engagé dans la scène d'ouverture, parcourant et fermant le roman, font vite oublier un roman un tantinet trop long et un didactisme parfois visible.

La terre qui penche, Carole Martinez, Gallimard, 366 pages, ***1/2