Pieds nus dans le parc à petits pas. C'est ainsi que déambule Alice, une sans-abri qui joue des chansons de Nirvana sur sa guitare. C'est ainsi que la découvre le narrateur de cette courte histoire de survie.

Pourquoi survivre si tout le monde meurt autour de nous? demande-t-il en fait. Mais Alice, c'est la résistance tranquille, sans coup d'éclat. Elle s'est endurcie. Elle se croit tortue; elle se dit schizophrène; elle pense avoir la sclérose en plaques. On ne sait pas si on doit la croire. Et puis la langue et la poésie de Marie Auger nous font oublier ces questionnements futiles. Nous sommes tous un peu tortues en quête d'humanité. Il s'agit d'un retour après 12 ans d'absence de cet alias de Mario Girard. Cet écrivain qui affirme si justement: «Mes amis perdent leur sang et leur vie et moi, j'écris. Comment ne pas avoir envie de se cacher.» Sous cette Carapace, il subsiste un imaginaire débordant et une empathie touchante qui sont toujours les bienvenus. Sans cachette.

Carapace, Marie Auger, Lévesque Éditeur, 116 pages, ***1/2