Au coeur du nouveau roman de l'auteure de La physique des catastrophes, il y a surtout une absence, une ombre: celle du cinéaste d'horreur Stanislas Cordova, un homme énigmatique vivant dans la réclusion.

Ses films extrêmes, interdits de projection, font l'objet d'un culte souterrain, entretenu par des fanatiques qui se retrouvent dans le Deep web.

Autour de Cordova, la limite entre la fiction et la réalité devient poreuse: une fiction cache une vérité qui cache une fiction qui en cache une autre. C'est dans ce labyrinthe que se laisse entraîner le héros d'Intérieur nuit, le journaliste déchu Scott McGrath, lorsqu'il se met à enquêter sur le suicide de la fille du réalisateur.

Peu à peu, la réalité du reporter prend la consistance d'un film de Cordova, dans lequel l'ordinaire bourgeois serait contaminé par la magie noire et le satanisme.

Dans ses meilleurs passages, ce thriller est surtout une grande mystification, où avancer à tâtons dans le noir est plus terrifiant que n'importe quelle horreur bien éclairée.

Marisha Pessl a toutefois du mal à maintenir cette tension jusqu'à la fin, comme si elle ne pouvait s'empêcher de rallumer les lumières avant la fin du film.

* * * 1/2

Intérieur nuit. Marisha Pessl. Traduit de l'anglais par Clément Baude. Gallimard. 720 pages.