Tout le monde laisse tomber Alycia: son père est mort, son amoureux David (qu'elle fréquentait depuis un mois!) l'a plaquée, ses meilleures amies l'ont trahie. La jeune femme qui a «une peur profonde de l'abandon» quitte donc Montréal pour s'installer à Sainte-Agathe, devient serveuse de petits-déjeuners et essaie tant bien que mal (surtout mal) d'oublier ce qui l'a blessée, tout en écrivant son grand premier roman.

Avec beaucoup de verve, l'auteure décrit le mal-être de cette jeune femme manifestement atteinte d'un trouble mental plus profond. Incapable de voir la réalité en face, Alycia est naïve et manipulatrice, et surtout incapable de «lire» quelque situation sociale ou personnelle que ce soit.

Cet énième livre sur une femme-enfant libre mais déséquilibrée est souvent vulgaire - qui a vraiment envie d'entendre parler de «pet sauce»? -, mais ce côté mal embouché assumé, souvent drôle, serait plus intéressant s'il était porté par davantage qu'une fuite en avant nombriliste.

Ainsi, les drames intimes d'Alycia, aussi tragiques soient-ils, perdent de leur impact, noyés dans un long monologue qui ne manque pas de mordant, mais un peu d'originalité.

* * 1/2

Portrait de femme en feu. Claudia Goyette. Leméac. 240 pages.