Ce roman sud-coréen stimule l'appétit, trouble, effraie et ensorcelle à mesure que l'on plonge dans l'histoire de Yonghye, une femme en apparence banale jusqu'au jour où elle décide de devenir végétarienne.

Comme un triptyque se déclinant en trois nouvelles, il se déploie sur sa sombre existence à travers trois de ses proches qui verront leur quotidien irrémédiablement transformé par sa métamorphose.

Il y a d'abord son mari, un homme égoïste qui s'indigne de ne plus voir sa femme cuisiner shabu-shabu ou pibimbap, et qui rejette violemment son nouveau régime alimentaire.

Le beau-frère de Yonghye, un artiste-vidéaste en panne d'inspiration, est fasciné pour sa part par Yonghye et torturé par ses démons artistiques jusqu'à ce qu'il cède enfin à ses pulsions.

Puis, Inhye, l'aînée qui a toujours protégé sa petite soeur d'un amour maternel, s'en veut de n'avoir pu empêcher l'effondrement de la cellule familiale.

Cette fable obscure sur la vie, la famille et les liens qui forgent l'existence défie les conventions sociales avec art et poésie.

Tout y est zen, propice à des méditations d'ordre philosophique, et provoque de profondes réflexions sur la définition réelle de la folie en nous donnant l'impression d'avoir voyagé dans les contrées étranges de l'esprit.

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La végétarienne. Han Kang. Serpent à plumes, 208 pages.