Jeanne Dargan réalise son rêve lorsqu'elle reçoit un courriel d'Alexandre Karpov l'informant qu'elle ne recevra aucun financement... mais qu'il serait ravi de diriger sa thèse de doctorat en littérature.

Commence alors l'enfer: elle décroche une charge de cours à l'université, qu'on ne pourra finalement pas lui payer. Secrétaire à l'université, elle ne fera que recevoir les plaintes de doctorants dépressifs. Sans parler de sa thèse, dont le plan de 69 pages prend des allures d'architecture futuriste monstrueuse.

L'auteure et dessinatrice Tiphaine Rivière, qui signe là sa première bédé, a elle-même commencé une thèse sur laquelle elle a travaillé pendant trois ans, avant de décrocher.

Ses planches tournent en dérision, finement et sans méchanceté, un milieu universitaire (français) imbu de son importance, la concurrence acharnée entre doctorants, et la solitude du thésard. La vie de Jeanne finit par tourner autour de l'attente d'une réponse de son directeur de thèse.

Rivière force le trait pour en rire, il reste que son récit, léger et touchant, dit bien l'enfer vécu par ceux qui sont assez fous - et courageux - pour se lancer dans une thèse, malgré l'incompréhension de leur entourage et la pression sociale.

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Carnets de thèse. Tiphaine Rivière. Éditions du Seuil. 179 pages.