Jonas plonge. L'eau fraîche saisit ses muscles qui, progressivement, se délient. Il nage d'abord lentement. Puis, peu à peu, il sent la chaleur envahir ses bras et ses jambes... L'évolution tranquille de son corps dans l'eau de la piscine du nord de la ville où il a pris l'habitude de se rendre reflète parfaitement le rythme méditatif de ce roman.

Intrigué, on suit ce jeune photographe, adepte inconditionnel de la brasse qui se sait pourtant tiré - ou peut-être attiré - vers le fond, comme engourdi par une existence qu'il découvre dénuée de véritable sens.

Son histoire prend une tournure vaguement troublante lorsque disparaissent un à un les habitants de la grande ville espagnole qu'il habite. Une rupture qui vient bousculer la rationalité du quotidien auquel Jonas tente pourtant de s'accrocher depuis sa séparation d'avec Ada.

La poésie mélancolique et contemplative de Joaquín Pérez Azaústre sert efficacement ce sentiment d'inquiétante étrangeté, amplifiant la métaphore puissante de la solitude de l'homme moderne parmi ses semblables.

Voilà bien l'un de ces livres sibyllins, que l'on referme un peu médusé, à se questionner sur ce qui vient vraiment de se produire.

* * * 1/2

Un nageur dans la ville, Joaquín Pérez Azaústre. Traduit de l'espagnol par Delphine Valentin, Seuil, 202 pages.