Louis-Philippe Hébert s'aventure en terrain rare en abordant le genre du fantastique, entre horreur physique et psychologique. Une bête étrange, réelle ou imaginaire, qui sommeille en nous tous.

Avec cinq nouvelles très différentes, il touche aux malaises de l'existence reliés au vieillissement, aux phobies et angoisses de toutes sortes. La première donne son titre au recueil et reste sans doute la plus belle, la plus touchante des cinq.

Un homme remonte le fleuve jusqu'à son lieu d'origine, comme sa pensée remonte le fil de sa mémoire. Un fil aussi ténu qu'un pont de glace en fin d'hiver. Une histoire de café et Firmin relèvent d'une eau plus drôle, absurde, sans délaisser le climat d'inquiétude créé au départ.

Dans Le diable ne brûle pas, le narrateur s'étire longuement, inutilement, devrait-on dire, sur une histoire de créature diabolique habitant une école primaire devenue centre d'accueil.

À partir de là, l'écrivain se regarde un peu écrire et ça se finit un peu en queue de poisson quelque part dans Les latrines de l'aéroport de Miami.

Beaucoup de bonnes idées, mais un recueil néanmoins bancal en raison d'un style qui nous a égarés en chemin.

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Les ponts de glace sont toujours fragiles. Louis-Philippe Hébert. Lévesque éditeur. 170 pages.