Si le mot kâmasûtra n'évoque pour la plupart d'entre nous que des images de positions acrobatiques, c'est pourtant à une affaire de texte autant que de sexe qu'il nous invite. Le traducteur de cette nouvelle version, l'écrivain Frédéric Boyer - à l'origine de la Bible des écrivains, traducteur de Saint-Augustin et de Shakespeare -, signe une passionnante présentation du texte, qu'il décrit comme « une grammaire du désir ».

Une incroyable poésie se dégage de ces préceptes rédigés dans un style télégraphique, qui disent le jeu de rôles de l'approche amoureuse et sexuelle. L'on est happé par le rythme qui émane de cette recherche du plaisir érigé en un art de vie fantasmé, destiné aux citadins raffinés de l'Inde du IIIe siècle. On lira avec délectation ces listes, dressant un inventaire de tout, notamment les types de corps, de baisers, de griffures et morsures « car il n'y a pas de passion sans blessures ».

Les conseils donnés aux hommes feront parfois sourire : « avant la pénétration mettre une main dans son sexe et l'agiter comme une trompe d'éléphant », mais on prendra au sérieux le bon sens voulant que « mieux vaut un pigeon aujourd'hui qu'un paon demain ».

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Kâmasûtra - Exactement comme un cheval fou: Traduit et adapté du sanskrit par Frédéric Boyer, P.O.L., 379 pages