Hubert Mingarelli a ressorti sa plume, extraordinaire de détresse et de légèreté, celle-là même qui avait tracé la trame du subtil et japonisant L'homme qui avait soif.

Cette fois-ci, le cap est mis sur le territoire israélien, au fin fond du bois où vivote Stépan, en proie à une profonde solitude, brisée sporadiquement par les venues de son ancien frère d'armes Samuelson et les visites feutrées d'un jeune Arabe taciturne.

Ce dernier s'est entiché de la chienne vieillissante et anonyme de Stépan, n'hésitant pas à marcher depuis la lointaine Beit Zera. Une route qui fut témoin de bien des malheurs, dont un drame ayant naguère contraint à l'exil le fils unique de Stépan.

Le paradoxe d'une narration à la simplicité savoureuse au service d'un destin des plus déchirants instaure une tension vibrant jusqu'aux dernières pages.

Bien qu'il nous plonge au coeur du conflit israélo-palestinien, La route de Beit Zera donne plutôt l'illusion de n'en dresser qu'une esquisse; habile stratagème pour l'évoquer bien plus furtivement, à hauteur d'homme et du coeur.

* * * 1/2

La route de Beit Zera. Hubert Mingarelli. Stock. 160 pages.