Quelle est votre tolérance aux descriptions macabres? Celles de bouts de chair pendants sur des os rongés par des vers blancs? De globes oculaires pourris qui s'enfoncent dans un crâne sous la pression d'une main décharnée?

Si vous avez lu ces dernières lignes sans grimacer de dégoût, alors vous êtes prêts à vous pencher sur Le cadavre de Kowalski; lui qui gigote dans son trou et creuse son tunnel à travers la boue.

Mort un soir de février, absorbé plus tard par la terre, le cadavre se décompose mais sa conscience est incapable d'atteindre le seuil de l'au-delà. Elle parvient même à déplacer le macchabée, qui aura son lot de surprises le long de sa résurgence.

Non, cette histoire de mort-vivant n'a pas grand-chose en commun avec les récits de zombie classiques. Narrée avec une insouciance poétique décalée et inattendue, elle nous laisse nous enliser peu à peu dans le grotesque.

Le côté quelque peu répugnant, qui collera jusqu'à la toute fin du récit, prend le risque d'occulter les lectures sous d'autres angles.

Décidément, c'est à croire que le «lugubre poétisé» est en vogue (Frères, Madame Diogène, L'enfant dans la cage...). Du pain bénit pour les lecteurs aux tripes bien accrochées.

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Le cadavre de Kowalski. Vincent Brault. Héliotrope. 130 pages.