D'entrée de jeu, Apostolides cite Barthes: «le langage est, par nature, fictionnel».

C'est que cette auteure torontoise est rusée. Elle écrit des récits, leur donne une vraisemblance, mais la nature de son écriture, fortement métaphorique, et ses propres réflexions, en filigrane tout au long du «recueil», nous baignent dans un entre-deux de fiction.

Marianne Apostolides parle des peurs et des courages de son père dans la Grèce du siècle précédent, de ses souvenirs à elle et des mésaventures de personnages qui pourraient lui être proches ou pas du tout.

Elle crée l'incertitude pour mieux nous happer dans des récits où il est beaucoup question de désir, autre nom ici pour espoir, rapprochements humains, survie. D'où le titre: Voluptés. Celles du langage, en fait, qui permettent tous ces niveaux de lecture entremêlés et qui provoquent notre désir, comme lecteur, de comprendre, de deviner, de savourer.

Cette stratégie d'écriture pourrait s'avérer lourde, or, c'est toute la science de l'auteure de la rendre facile par l'utilisation du rythme et des couleurs.

Saluons d'ailleurs la traduction de Madeleine Stratford qui a dû en voir, justement, de toutes les couleurs afin de bien rendre l'énergie et la richesse de cette écrivaine canadienne à garder à l'oeil.

***1/2

Voluptés, Marianne Apostolides. Traduction de Madeleine Stratford, La Peuplade, 210 pages.