Dans son troisième roman, l'auteure belge Caroline De Mulder raconte deux histoires en parallèle. Celle d'Elvis Presley d'abord, issu d'un milieu pauvre et rural, porté au faîte de la gloire, avant de sombrer dans la toxicomanie et les troubles alimentaires, puis de mourir prématurément. Celle d'Yvonne ensuite, veuve parisienne désargentée qui, au début des années 90, entre au service de John White, vieil Américain riche et sympathique, mais bourré de manies et au passé mystérieux...

Si la biographie du roi du rock'n'roll s'avère fascinante d'emblée, la force de Bye Bye Elvis réside dans la description de la relation ambiguë, empreinte d'amour et de dépendance, qui se tisse entre Yvonne et John White, alors que ce dernier voit sa source de revenus se tarir et que le duo improbable sombre progressivement dans la misère. La dignité de ces deux écorchés, solidaires malgré la déchéance physique et matérielle, tranche avec les dernières années de la vie d'Elvis, isolé parmi une coterie de profiteurs.

Les descriptions incisives et la narration directe de Caroline De Mulder transforment ces deux portraits de la misère humaine en récits haletants et porteurs d'espoir. 

Bye Bye Elvis, Caroline De Mulder, Actes Sud, 279 pages