Il s'appellera Proutski, mais pas avant d'être mis au monde par un éditeur trop pressé à son goût. Il écrit déjà, mais son corps, lui, pourrit de page en page. Enfermé dans un appartement miteux, au coeur d'un hiver de glace, il survit en rédigeant dans ses carnets la lente dégradation de sa vie de sous-sol.

Puis, changement de registre, le récit passe de la première à la troisième personne, plonge le protagoniste dans un dédale absurde - d'aucuns y verront des rapprochements avec les oeuvres de Dostoïevski ou de Kafka, certainement un hommage aux Carnets du sous-sol du premier - où il apprend qu'il est l'auteur d'un roman qu'il croit pourtant n'avoir jamais écrit.

L'entrée en matière met l'eau à la bouche, nous happe de plein fouet, tandis que la deuxième partie, où on suit Proutski dans le monde de l'édition et finalement en exil volontaire, se révèle beaucoup plus distante.

Le personnage se laisse mener de scène en scène, sans que l'auteur revienne avec les descriptions qui font la force de l'époque «sous-sol». Proutski ne manipule sa destinée qu'en de rares moments, parsemés de rencontres mystérieuses, tout comme son lecteur.

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Les carnets du demi-sous-sol. Nicolas Coutlée. Triptyque. 151 pages.