C'est une belle année pour les défenseurs de la «littérature-monde» dans cette récolte des prix littéraires français, où se démarque, une fois de plus, la littérature haïtienne, par la superbe voix de Yanick Lahens, Prix Femina pour Bain de lune.

Roman de la rivalité entre deux familles, les Lafleur et les Mésidor, en lutte puisque l'une dévore l'autre, l'appétit insatiable des Mésidor gobant les terres et les filles des Lafleur, d'où naîtra cependant une nouvelle lignée...

La violence des désirs dans le village fictif de l'Anse Bleue traverse trois générations qui vivront la naissance de la dictature, et n'est pas sans rappeler celle des Hauts de Hurlevent de Brontë ou des Fous de Bassan d'Anne Hébert, et surtout Amour, colère et folie de Marie Vieux-Chauvet, figure majeure des lettres de «l'île magique».

Mais c'est la terre, grande obsession de la littérature haïtienne, qui déclenche toutes les passions et décide des destinées des êtres, qui ont le vaudou comme unité et comme résistance - Lahens offre ici les plus belles descriptions qu'on ait lues de cette culture d'une richesse inouïe. Bref, un Femina mérité qu'on ne contestera pas.

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Bain de lune. Yanick Lahens. Sabine Wespieser Éditeur. 263 pages.