L'univers de Volodine est complexe, énigmatique. Étouffant par moments tant la force de sa plume parvient à nous embourber dans le tourbillon de cet enfer sans issue... mais néanmoins captivant tout au long des quelque 600 pages de Terminus radieux, prix Médicis 2014 - roman qui s'inscrit dans le courant du post-exotisme inventé par l'écrivain français.

Volodine ne soumet son récit à aucune règle: peu importe d'y distinguer le réel du rêve, ou d'y inscrire des dates et des lieux précis.

Dans une steppe aride contaminée par les radiations, des soldats morts-vivants errent à la recherche du camp idéal, portant sur leurs épaules la nostalgie d'une ère révolue, alors que toute forme de vie semble à jamais condamnée. 

L'un d'eux atterrit dans le kolkhoze surnommé «Terminus radieux», peuplé par les derniers survivants d'une deuxième Union soviétique écroulée: une «vieillarde increvable» immunisée contre les radionucléides, gardienne d'une pile nucléaire, les trois filles intouchables du sorcier Solovieï, et quelques humains «intermédiaires» sous l'emprise de ce maître absolu, machiavélique. Il n'en ressortira pas indemne.

Conte diabolique qui puise une part de son inspiration dans les légendes de la taïga russe, Terminus radieux est une métaphore brillante et terrifiante d'une fin de l'humanité digne de nos pires cauchemars.

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Terminus radieux, Antoine Volodine, Seuil, 624 pages.