«J'ai toujours eu peur que ma mère me tue.» C'est sur cette première phrase poignante qu'Anna Ouellet entreprend de raconter comment la folie de sa mère a saccagé son enfance. Comment, pendant des années, elle a craint que sa mère ne mette sa menace à exécution, prise en otage entre deux adultes qui s'autodétruisent et s'entredéchirent, consumée à petit feu par leurs secrets et le stoïcisme de son père.

Elle a 8 ans lorsque, pour empêcher sa mère de partir, elle s'entaille les yeux avec le rasoir de barbier de son père.

Point de départ de ce deuxième roman de l'auteure, l'incident la mènera dans l'aile de convalescence de l'Hôtel-Dieu, où elle ressasse ses douloureux souvenirs et tente de guérir son âme comme ses yeux. Sans jamais cesser d'aimer sa mère.

Les sévices psychologiques que l'enfant a endurés, relayés par une écriture névrosée qui transpire la souffrance, donnent plus d'une fois envie de décrocher. La maîtrise de la narration parvient toutefois à nous faire tenir jusqu'au bout de la première partie, dont on sort terriblement secoués.

Bien plus qu'un sombre portrait de la maladie mentale, ce récit rend hommage avant tout à l'amour inconditionnel d'une fille pour sa mère.

* * * 1/2

Neurotica. Mélanie Gélinas. Leméac. 403 pages.