Deuxième roman du journaliste indien Manu Joseph, Le bonheur illicite des autres suit Ousep Chacko, reporter (lui aussi) qui tente de comprendre pourquoi son fils Unni s'est suicidé. Mais loin du polar, l'intrigue suit les Chacko dans un Madras des années 80, avec toutes les folies qui ponctuent la vie.

Car, oui, ils sont tous un peu timbrés. Du bédéiste schizophrène à la mère qui ressasse ses remords, en passant par le père ivrogne qui tente de se pendre chaque soir, il y déferle des personnages colorés et touchants qui noient le drame dans une invraisemblable aura lumineuse.

À travers cette enquête, l'auteur dresse le portrait d'adolescents défiants toujours leurs limites et hantés par de grandes questions philosophiques, mais aborde aussi les thèmes de la famille, du sexisme, de l'excentricité, de la justice, de la réussite et, surtout, du bonheur.

«Dans ce monde, vous n'échapperez pas au bonheur», phrase prophétique que lance l'adolescent avant sa mort, faisant écho au titre. Car voilà l'autre grande question: quand les Chacko regoûteront-ils au bonheur, après le suicide d'un des leurs?

Une chose est sûre: le bonheur s'impose à la lecture de ces savoureuses trois cents et quelques pages.

* * * 1/2

Le bonheur illicite des autres. Manu Joseph. Éditions Philippe Rey. 331 pages.