Le vide existentiel de la femme petite-bourgeoise a été décliné sous toutes les formes depuis Madame Bovary de Flaubert, mais le filon semble aussi inépuisable que désespérément pertinent.

Sophie Divry, qui nous avait donné le très acide La cote 400, en fait la brillante démonstration dans ce troisième roman traversé par une intense mélancolie.

C'est que dans ce récit au «tu», où l'héroïne se nomme simplement M.A. (clin d'oeil à Emma, bien sûr), on ressent le piège qui se referme inexorablement sur cette femme qui ressemble à tant d'autres.

Toutes les étapes de sa vie semblent «conditionnées» pour mener à ce pavillon - l'équivalent de la maison de banlieue ici - d'où on ne sort jamais vivant. L'insatisfaction couve dangereusement sous les objets, les agendas remplis et la solitude qu'on n'a pas su apprivoiser.

On sent chez Sophie Divry une compassion à la mesure de son regard impitoyable, puisque M.A., c'est elle et c'est nous, et le cycle se répète de génération en génération.

Il y a dans ce roman un effet aussi dévastateur que chez Flaubert, Divry réactualisant les mécanismes d'un piège encore plus inévitable dans une société de consommation, où la liberté est plus souvent une marque de yogourt...

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La condition pavillonnaire. Sophie Divry. Notabilia. 263 pages.