Que faire lorsqu'il faut se rendre à l'évidence que nos choix de vie, amoureux et professionnels, ne nous mènent nulle part? Véronique, jeune cinéaste dont la carrière ne décolle pas et dont le couple bat de l'aile, sombre dans la dépression et choisit la fuite avec un voyage à Paris en solitaire, dont elle reviendra pas plus avancée.

Elle s'éloigne également de son amie Marie, cinéaste aussi, mais à qui tout réussit. Habitant chacune un étage d'un duplex qu'elles ont acheté ensemble, les deux jeunes femmes sont l'exact contraire l'une de l'autre, se vampirisent, s'attirent et se repoussent.

Issue du milieu du cinéma, Éléonore Létourneau, dont c'est le premier roman, aspire le lecteur dans la dérive existentielle de Véronique, mais sans lourdeur. On y glisse grâce à son écriture très fine qui ne tente jamais d'expliquer: pas de psychologie ici, seulement une jeune femme à la croisée de sa vie qui doit renoncer à tout ce qui l'animait pour réussir à avancer.

Et la relation tordue entre les deux jeunes femmes, qui semblait anodine, devient le coeur de ce court roman plein de grâce, jeu de miroirs fascinant qui recèle sa part de mystère, ainsi qu'un certain humour.

Une belle découverte.

* * * 1/2

Notre duplex. Éléonore Létourneau. Quai no 5. 143 pages.