Autant l'avouer tout de suite: ce roman quelque peu houleux est loin, très loin d'avoir fait l'unanimité lorsqu'il a navigué dans la salle de rédaction. Aussi faut-il d'emblée en annoncer la couleur: toutes ces pages noircies tirent fortement vers le ténébreux, par le truchement d'une écriture volontairement maladive.

Comment pourrait-il en être autrement, puisque cette prose s'avère celle d'un enfant confiné dans une cage par son père qui, après de multiples expériences ratées sur divers cobayes familiaux, force sa progéniture à se muer en un véritable écrivain?

On recueille ainsi le fruit pourri de l'expérience, mi-glauque, mi-merveilleux, extirpé des tripes d'un enfant écartelé entre son imagination fertile et la torture de sa condition.

Le docteur Kretschmer, la mère suicidée et le tabou du frère disparu dans des sables mouvants deviennent ainsi notre propre hantise, au coeur d'un univers qui semble dépeint par un Boris Vian dépressif.

Certains lecteurs s'y enliseront, étouffés par cette surdose de pathos. Mais ceux qui seront capables de décoder les multiples métaphores trouveront peut-être, au fin fond de ce bac sombre, des perspectives poétiques séduisantes.

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L'enfant dans la cage. William Drouin. XYZ, 138 pages.