En ce début d'année 2015, l'Écosse s'apprête à accéder à l'indépendance, le gouvernement de Matteo Renzi a été renversé et remplacé par celui de Beppe Grillo, les relations sino-japonaises s'enveniment en mer de Chine et une crise au Kurdistan fait craindre une déflagration planétaire.

Après s'être consacré ces dernières années à plusieurs essais à saveur politico-économique, Attali renoue ici avec le roman d'anticipation et se dote du même pouvoir de prescience que son héros - un mathématicien réputé qui souffre de visions troublantes de massacres - pour imaginer l'état des relations internationales dans un monde qui «court à la guerre».

On s'amuse des références à divers événements et personnages de l'actualité (comme le désastre de l'équipe de France lors de la Coupe du monde ou l'ex-président Sarkozy qui cherche à reconquérir le pouvoir), quoiqu'on se lasse par moments du ton professoral emprunté pour expliquer les bases de l'ethnomathématique et les théories du professeur Seigner.

L'histoire d'amour qui se profile en toile de fond est quant à elle idéalisée et peu distrayante, alors que le dénouement, qui devrait achever la réflexion sur le destin amorcée par les personnages, laisse le lecteur plutôt perplexe.

* * *

Notre vie, disent-ils, Jacques Attali. Fayard, 283 pages.