Pleine d'admiration mutuelle, la correspondance entre Stefan Zweig et Romain Rolland commence tout doucement en 1910. Puis, la Première Guerre mondiale éclate.

L'Autrichien Zweig publie son essai À mes amis à l'étranger, qui lui attire aussitôt cette réponse cinglante du Français Rolland: «Je suis plus fidèle que nous à notre Europe, cher Stefan Zweig, et je ne dis adieu à aucun de mes amis.»

Alors que, dès le départ, Rolland s'oppose fermement au conflit, Zweig se laisse quelque peu séduire par des sentiments guerriers - qu'il reniera bien sûr plus tard.

Le plus fascinant, dans cette correspondance entre deux des plus belles plumes du XXe siècle, c'est de voir la pensée de Zweig évoluer en se frottant à celle de Rolland, de voir sa ferveur céder la place tantôt à l'espoir d'une Europe enfin en paix, tantôt au désespoir de voir le conflit s'éterniser. Chaque nouvelle horreur est vécue comme une défaite personnelle par ces deux grands humanistes.

Richement annotées par Jean-Yves Brancy, leurs lettres permettent de vivre la guerre en temps réel, mais, surtout, d'assister à la naissance d'une grande amitié.

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Correspondance 1910-1919, Romain Rolland et Stefan Zweig. Albin Michel, 636 pages.