Launay et Lubiak appartiennent au même parti de la droite française. Ils aspirent tous deux à gagner les primaires afin d'affronter le président français sortant, socialiste affaibli. Chacun mesure ses attributs et ceux de son adversaire, convoite les appuis, entend se ménager la bénédiction des services secrets qui en mènent bien plus large que l'électorat ne peut le soupçonner.

On les voit d'ailleurs à l'oeuvre dans une sombre histoire où la société d'État chargée de l'exploitation de l'uranium dirige ses affaires à l'abri des regards de la classe politique.

Dans ce thriller politique qui a toutes les apparences du vraisemblable, Dugain ne néglige pas non plus les confidences d'alcôve, ingrédient essentiel de la politique française, ni les drames personnels, même ceux qu'il faut cacher pour préserver les apparences de respectabilité.

La construction hachurée de ce roman complexe et rondement mené laisse quand même place à des pointes d'humour, surtout quand l'auteur fait prononcer des discours à ses deux protagonistes, ou quand le chef des services secrets, le Corse Ange Corti, fait ses tours de piste.

Plusieurs lignes narratrices pour mener en parallèle trois intrigues qui convergeront vers le dénouement sont traversées de scènes émouvantes.

* * * 1/2

L'emprise, Marc Dugain, Gallimard, 314 pages.